COMPTE-RENDU DE LA MANIFESTATION PARALLÈLE DE L'UNPFII
Réflexion sur l'engagement des peuples autochtones dans la COP21 et sur les répercussions de l'Accord de Paris
11 mai 2016 – Siège de l'ONU, New York
Programme
Le mercredi 11 mai 2016, à l'occasion de l'Instance permanente sur les questions autochtones des Nations Unies (UNPFII), le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et le Forum international des peuples autochtones sur les changements climatiques (FIPACC) ont organisé ensemble une manifestation parallèle pour faire le bilan de la participation des peuples autochtones à la COP21 pour la CCNUCC et réfléchir aux conséquences de leur mobilisation. Les experts ont été accueillis par un public nombreux ainsi que par des internautes présents via une diffusion en direct sur le Web.
De gauche à droite : Les membres du groupe Delfin Ganapin, Kimaren Ole Riamit, Hans Brattskar, Rodion Sulyandziga et Charles McNeill avec Joan Carling pour l’allocution d’ouverture; Rodion Sulyandziga évoque les résultats du FIPACC lors de la COP21 en 2015 ; Arrivée des nombreux participants au siège du PNUD. Toutes les photos © PNUD 2016
Présidée par Joan Carling (Secrétaire générale de l'Asia Indigenous Peoples Pact et membre du comité directeur international du FIPACC), cette manifestation portait sur une initiative d'envergure mise en œuvre par le PNUD en partenariat avec le FIPACC et avec le soutien généreux du gouvernement norvégien. L'objectif était de s'assurer que les voix des peuples autochtones soient entendues lors des négociations sur le climat à Paris. Cette initiative avait été lancée un an auparavant lors de l'UNPFII.
Charles McNeill (PNUD) a présenté les principales activités de l'année 2015 menées au niveau national, régional et international en collaboration avec des organismes autochtones dans sept régions du monde (Afrique, Arctique, Asie, Amérique latine et Caraïbes, Amérique du Nord, Russie et Europe de l'Est et Pacifique). Ces activités visaient notamment à appuyer la préparation des peuples autochtones en vue d'un plaidoyer efficace à Paris par le biais de consultations et de réunions préparatoires, tout en soutenant leur collaboration avec les gouvernements en vue de la COP21 grâce à des dialogues au niveau national, régional et international. Pour garantir la visibilité des peuples autochtones lors de la COP21, il a fallu permettre le voyage de plus de 160 représentants autochtones à Paris pour qu'ils participent aux négociations et organiser le Pavillon des Peuples Autochtones ainsi que la cérémonie de remise du Prix Équateur 2015 pour récompenser leurs efforts de lutte contre le changement climatique. Une stratégie internationale de communication et de participation des médias a mis en exergue les liens entre peuples autochtones, droits fonciers et changement climatique auprès d'un nouvel auditoire international, avec plus de 300 sujets d'actualité, dont certains ont été traités par des médias de premier plan.
Charles s'est aussi attardé sur les aboutissements de cette initiative lors de la COP21, à savoir l'intégration des droits et priorités des peuples autochtones au coeur de l'Accord de Paris sur le changement climatique ; un changement radical au niveau de la compréhension du public du rôle des peuples autochtones dans l'atténuation du changement climatique ; la collaboration entre peuples autochtones et gouvernements nationaux à une échelle sans précédent ; la production de films et d'outils de connaissance de grande qualité pour faire avancer la mobilisation des peuples autochtones, les politiques et le financement ; et la création de plateformes durables de participation, de mobilisation et de partage des connaissances.
De gauche à droite : Delfin Ganapin informe le public des répercussions des dialogues nationaux et régionaux entre peuples autochtones et gouvernements ; Kimaren Ole Riamit évoque les répercussions de l'Accord de Paris pour les peuples autochtones ; L'Ambassadeur Hans Brattskar réitère l'engagement de la Norvège envers les peuples autochtones et les communautés forestières. Toutes les photos © PNUD 2016
Rodion Sulyandziga (Co-Président du comité directeur international du FIPACC) a ensuite pris la parole pour évoquer la profondeur et l'étendue de la mobilisation et du travail de préparation du Forum des peuples autochtones avant et pendant la COP21. Il a souligné à quel point il était important d'inclure les peuples autochtones dans les processus relatifs au changement climatique, étant donné leur vulnérabilité face à celui-ci et aux réponses apportées, ainsi que leur contribution en termes d'atténuation et d'adaptation. Rodion a rappelé l'intérêt d'une présence autochtone aussi importante à Paris ainsi que la valeur de cette collaboration sans laquelle la mise en place d'activités d'appui de cette envergure n'aurait pas été possible. Il a également rappelé que le Forum des peuples autochtones poursuivrait sa participation aux processus relatifs au changement climatique afin de garantir le respect de leurs droits lors de la mise en œuvre de l'Accord de Paris et des contributions prévues déterminées au niveau national (CPDN).
Delfin Ganapin (Directeur général du Programme de microfinancements du FEM-PNUD) a donné une analyse plus approfondie des répercussions des 27 dialogues nationaux et régionaux entre PA et gouvernements, dont la mise en place est le fruit d'un partenariat entre le PNUD, le FIPACC et le Programme de microfinancements. Ces dialogues ont permis à plus de 1 300 représentants autochtones d'engager un dialogue direct avec leurs gouvernements nationaux respectifs en vue de la COP21, tout en veillant à ce que leurs préoccupations et priorités soient au coeur des positions de négociation de leur pays pour la COP21. Ces dialogues témoignent d'un engagement sans précédent entre les peuples autochtones et les gouvernements en vue de la conférence sur le climat. Ils ont abouti à des résultats concrets avec notamment l'engagement des gouvernements à augmenter la représentation autochtone au sein des équipes spéciales nationales et des organes de décision, à inclure des projets de développement autochtone dans la planification à l'échelle nationale, à intégrer des priorités autochtones dans les CPDN et les positions de négociation de chaque pays pour la COP21, et à mettre en place régulièrement des dialogues de suivi. Delfin a également annoncé l'engagement du PMF à lancer un programme de bourses à l'intention des représentants autochtones afin qu’ils puissent poursuivre leur engagement dans la lutte contre le changement climatique et dans les questions de développement au niveau national et international.
Kimaren Ole Riamit (Membre de l'équipe technique du FIPACC) a présenté les principaux résultats de la COP21 et les répercussions de l'Accord de Paris pour les peuples autochtones. Il a insisté sur le fait que les activités préparatoires soutenues par cette initiative ont favorisé la coordination des efforts de mobilisation et de lobbying, ce qui a permis de placer les priorités des peuples autochtones au coeur de l'Accord de Paris. Ces priorités se traduisent notamment par une référence spécifique aux peuples autochtones dans le corps de l'Accord ; la reconnaissance du rôle des systèmes de connaissance autochtones et des innovations en termes d'adaptation ainsi que le besoin de renforcer les connaissances, les technologies, les pratiques et les efforts des communautés locales et des peuples indigènes pour faire face au changement climatique ; et la reconnaissance des répercussions du changement climatique sur les individus et des conséquences des réponses apportées – citant implicitement le rôle des mesures de garantie dans la prise en charge des répercussions indirectes des activités d'atténuation du changement climatique et d'adaptation. Kimaren a rappelé que les peuples autochtones bénéficiaient d'une marge d'intervention dans chacun des cinq volets des négociations (l'atténuation, le financement, le développement et le transfert de technologies et le renforcement des capacités) pour leur permettre, à l'avenir, de participer activement aux processus de la CCNUCC.
Hans Brattskar (Ambassadeur du gouvernement de la Norvège) a clôturé l'évènement en réitérant l'engagement de la Norvège à soutenir les peuples autochtones et les communautés forestières, notamment dans les forêts tropicales, en investissant d'ici 2020 jusqu'à 100 millions de dollars pour la défense de leurs droits. Il a rappelé à quel point il été important d'inclure les peuples autochtones et les communautés dans les forums politiques mondiaux, tout en félicitant le Forum des peuples autochtones pour la réussite de leur engagement et de leur collaboration lors de la COP21.
Références supplémentaires :
Enregistrement de la diffusion en direct sur le Web disponible ici.